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HISTOIRE - HISTOIRES
Holzminden

Voici ce que raconte celui qui était à l'époque directeur de la Banque de France à Lille :"Le premier novembre 1916, à onze heures et demie du matin, je reçus de la Kommandatur une lettre m'informant que le Gouvernement français ayant refusé de libérer un certain nombre d'otages alsaciens-lorrains, le Gouvernement allemand avait décidé d'envoyer en Allemagne, comme représailles, des otages de marque pris dans les régions occupées. En conséquence, ordre m'était donné de me trouver, avec Mme Gréau, le soir même, à la gare au plus tard à six heures trente, pour aller faire en Allemagne un séjour «assez prolongé». Nous avions la permission d'emmener un bagage «modéré»..."

On ne sait si tous les "invités" eurent droit à une lettre aussi bien tournée. Parmi les personnes exilées ce jour-là, trois cents (hommes et femmes) venaient de la région du nord et parmi elles, deux enfants d'Achille Brasseur qui avait alors soixante-quinze ans : son fils Pierre, pourtant père de deux enfants en très bas âge, et sa fille Aimée, pourtant veuve avec charge de famille. Parmi elles encore, Marguerite Brasseur, fille d'Arthur et nièce d'Achille, par conséquent cousine germaine des précédents... Comme on peut le constater, il ne s'agit pas uniquement de notables et de personnages de marque. Une passionnante lettre de Jenny Brasseur, écrite de Paris au moment de cet événement (et qui nous renseigne également sur les conditions de vie au Gard pendant la guerre), nous montre que certains étaient pris en otage à titre de représailles...
A gauche (dans le cercle), Aimée et Pierre Brasseur avec des compagnons d'infortune dont leur cousine Marguerite (complètement à droite), dans une allée du camp. Hiver 1916. Une mention au verso de la carte précise qu'Aimée était dans la baraque 20A.
Holzminden est alors une bourgade de dix mille habitants située dans le Duché de Brunswick, sur la Weser. Le camp s'étend sur une surface d'environ trois hectares et comprend 84 baraques (de trente mètres sur dix) dont six occupées par les autorités militaires et services civils : il peut accueillir jusqu'à dix mille personnes. Dès les début des hostilités, les allemands y ont interné les ressortissants des pays belligérants (des lorrains y ont été emmenés dès le mois d'août 1914), ainsi que ce que certains résumés nomment "les allemands indésirables" : au détour de certains textes, on trouve des expressions comme "population féminine abjecte"..., bref ils semble que les femmes exilées se soient trouvées astreintes au début au moins à subir une promiscuité difficile, s'agissait-il de prostituées ? Notons qu'il a également été fait mention de polonaises couvertes de poux...

Toujours est-il qu'en novembre 1916, les français (hommes et femmes) y sont un peu moins de quatre mille. Il y a mille cinq cents belges, des roumains, des polonais, des russes...
Assis à gauche, Pierre Brasseur.La troisième en partant de la droite est sa cousine Marguerite. Au dos de la carte, la mention suivante : A la baraque de Pierre, camp des hommes...
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