

 | Les conditions de vie dans le camp ne sont évidemment pas bonnes. Mais heureusement, elles ne sont pas atroces : entouré par une enceinte de deux mètres de haut dominée par des miradors, le camp est éclairé à l'électricité, l'eau de source est fournie en quantité suffisante. En revanche, l'alimentation est très problématique : ersatz de café, ersatz de soupe (deux fois par jour), ration de viande microscopique (250 puis 65 grammes par personne et par semaine !)... Les prisonniers tentent d'améliorer l'ordinaire en se faisant envoyer des colis.
Car heureusement, le lien social n'est pas rompu ; il existe même à l'intérieur du camp chapelle, cafés ou plus précisément buvettes, et jusqu'à une université et un studio de photographie, ironiquement appelé «violon» : on y produit toute une série de clichés, le plus souvent sur la vie du camp, mais parfois aussi de fantaisie, qui étaient utilisés comme cartes postales par les prisonniers pour leur correspondance. C'est grâce à ce «violon» qu'on peut aujourd'hui se faire une idée de ce que vécurent ces otages.
Et à cet égard, pour le chauffage, il semble que les hommes n'aient pas eu de souci majeur, tandis que les femmes ont beaucoup souffert du froid. Il faut dire que par malchance, cet hiver 1916-1917 a été très rigoureux.
Cet internement dure à peu près six mois puisque ces otages reviennent chez eux en avril 1917. Et d'une manière générale, malgré les souffrances endurées du fait de l'isolement, du froid et de la faim, tous les otages reviennent, et leur état de santé ne semble pas trop précaire.
Malheureusement, l'occupant n'en reste pas là. Quelques mois plus tard, il procède à une nouvelle déportation de civils : il s'agit cette fois de six cents hommes et de quatre cents femmes parmi lesquelles on trouve cette fois la soeur de Marguerite, Nelly Brasseur, également cousine germaine de Pierre et Aimée (au moment de son décès en 1966, Nelly Brasseur est la dernière survivante des otages civils déportés à Holzminden).
Cette nouvelle déportation se déroule de manière bien différente. Tout d'abord, hommes et femmes sont séparés : les femmes vont à nouveau à Holzminden, alors que les hommes sont emmenés plus loin à l'est, de Silésie jusqu'en Lituanie.Les conditions de vie se sont encore durcies : à Holzminden, les conditions d'hygiène se sont dégradées, le manque de nourriture est toujours plus cruel. (Voir d'autres documents sur Holzminden)
En Lituanie, c'est pire. Les six cents hommes qui ont été désignés pour y être internés quittent Lille le 6 janvier 1918 à destination de Milejgany. Ce camp n'est en fait qu'un agglomération d'écuries, granges et étables. Les prisonniers y manquent de tout et souffrent d'un froid intense. Le 18 janvier suivant, cent soixante d'entre eux sont emmenés à Jewie, à trente kilomètres de là (ce n'est en fait qu'une église orthodoxe, nullement préparée pour recevoir des prisonniers), avant de rejoindre le 15 février le camp de Roon. Certains malades sont emmenés au lazaret de Vilna. Pour avoir une idée de la précarité et des souffrances des hommes là-bas, il faut lire le récit d'Emile Ferré en cliquant sur le lien. |