Lituanie (suite)
Le 22 mars 1918, les prisonniers reçoivent la visite de délégués espagnols de la Croix Rouge Internationale. Et à partir de la fin du mois de mai 1918, les libérations commencent au compte-goutte : vingt-six otages quittent le camp de Roon le 27 en direction de Rastatt où ils passent un mois avant de regagner la France. Le 5 juillet suivant, soixante-dix-huit prisonniers quittent le camp également à destination de la France libre. Trois jours plus tard, c'est le départ des otages qui souhaitent regagner la France occupée ; ils passent par Holzminden, stationnent une semaine à Montmédy avant d'arriver enfin à Hirson...
Hélas, cette deuxième déportation d'otages civils s'achève aussi dans une grande tristesse : vingt-six otages ne sont en effet jamais revenus du pays balte, ayant succombé aux affreuses conditions de détention et au manque de tout. La famille Brasseur a également compté parmi ses membres un otage de représailles en Lituanie en la personne de Henri Gravis, fils de Lucia Brasseur-Gravis et époux de Blanche Carneaux, qui par bonheur a pu revenir au pays après cette cruelle épreuve...
Après la guerre, se forment des associations d'anciens otages, permettant à ceux qui sont revenus de se revoir dans des circonstances beaucoup plus agréables, telles que des banquets...
La paix est revenue, mais le souvenir va être extraordinairement vivace dans les familles qui restent cependant discrètes sur le sujet. Ainsi, ce n'est qu'au moment des obsèques de Henri Gravis en 1931 que nous avons un court témoignage sur l'épreuve qu'il a vécu...
2) Mouvements induits : au hasard sur les routes de France...
La guerre 1914-1918, dite "la Grande Guerre", n'est pas la seule à avoir provoqué des mouvements de population. Encore plus près de nous, il y eut en 1940 ce qu'on a appelé "l'exode"... On dira, simplement à l'usage des plus jeunes et des futures générations, qu'il s'est agi du départ de chez elles des populations civiles de la moitié nord de la France, n'emmenant que le strict nécessaire et abandonnant tout le reste, pour fuir dans la panique un ennemi encore une fois en train d'envahir le pays, et ce par la Belgique et le nord.
Mais il faut davantage parler de mouvement induit que de mouvement volontaire : des millions de français soudainement sur les routes dans un élan irrépressible et affolé, ce serait inexplicable si on omettait de prendre en considération d'une part la situation (la débacle de l'armée française) et d'autre part, le passé : l'affreux souvenir du comportement de l'armée allemande lors du précédent conflit (particulièrement en Belgique, et comme nous le savons, de nombreuses familles du nord ont des cousins dans ce pays voisin) a créé une sorte de réflexe de "plus jamais celà". La consigne en cas d'invasion était simple et claire :"Surtout, il ne faut pas rester !"
Bien des membres de notre grande famille ont donc vécu cet épisode dramatique et exceptionnel : beaucoup sont encore là pour nous en raconter certaines anecdotes. A nous de les recueillir et de les conserver sur le site, sous la forme que l'on voudra : textes (à cet emplacement) ou enregistrements sonores (qui nourriront la rubrique "mémoire orale"). |